D'outre tombe
Il pense à moi, parfois. De mon côté je panse.
Six ans que je n'avais pas entendu son prénom.
G.
Il pense à moi, parfois. De mon côté je panse.
Six ans que je n'avais pas entendu son prénom.
G.
Ce soir je me sens seule, un peu comme un gant égaré sous un fin manteau de neige.
La fumée de ma cigarette, rideau semi opaque, fait illusion et me coupe du reste du monde.
Edith Piaf crie sa peine et me déchire un petit bout du coeur.
Mes yeux ne pleurent pas, non, ils évacuent.
Je pense à.
Il y a un an je ne pensais qu'à lui, aujourd'hui mes pensées restent inchangées.
Je viens d'avoir XXII ans.
Elle a été embauchée.
Je commence mon stage lundi.
J'aime ces moments passés avec eux.
J'aime l'odeur des labos argentiques.
J'aime quand le rayon du soleil nous réveille simultanément.
J'aime quand doucement il vient se blottir contre moi.
J'aime quand il vient m'embrasser.
J'aime avoir des papillons dans le ventre quand il m'embrasse, même plus de neuf mois après le tout premier baiser.
J'aime son souffle dans mon cou qui innocemment me chatouille.
J'aime beaucoup de chose finalement.
Je suis h e u r e u s e.
J'ai le déséquilibre du corps, je tombe sans cesse. Dans les escaliers, cela m'aura apporté de superficielles blessures mais ces chutes là ne font pas le plus mal.
Je suis tombée il y a peu de temps, tombée de ma douceureuse bulle si délicate. Rectification, nous sommes tombés, nous ne le voulions pas spécialement mais nous avons dérapés et nos Corps se sont laissés aller dans le vide. Je vois encore le sien lourd, doucement s'écraser là sur ce même sol où quelques temps auparavant j'y avait laissé peau et sang.
Ses yeux me transpercent encore, sa pensée me procure une boule au ventre, je porte le poids de son absence.
Le dos courbé.
J'avance doucement, le Corps est lourd et les pas machinaux, je pourrais aller n'importe où mes chaussures sont programmées pour m'emmener du point A au point B. Je ne fait aucune mise au point, je suis floue.
Les heures passent et s'amusent de me voir ainsi, le temps est long, si court. J'attend patiemment la nuit qui me ramène aux pensées plus rationelles. Le jour je joue à celle qui n'est pas.
Doucement mon souffle diminue, le sien ne l'alimente plus. Le manque est mon affliction.
La complainte amoureuse ne me va pas, je suis une mauvaise promise.
Et pourtant.
Je laisse le passé s'écouler sur ses lèvres, je le regarde, ses yeux m'annoncent que je viens de briser quatre ans comme on froisse un papier jauni, mes yeux se noient doucement.
Quelle est cruelle la mélancolie d'un amour brisé.
Sous la pudeur du coeur se cache de jolies blessures.